Les tendances de consommation évoluent inévitablement avec la technologie et les supports d’écoute musicale avec. L’arrivée progressive et fracassante des plateformes de streaming audio ont bouleversé la façon d’écouter de la musique au quotidien.

Finie la contrainte du CD que l’on doit changer manuellement, le streaming offre aujourd’hui la solution pour une écoute des plus confortable. Une infinité d’artistes et de styles musicaux accessibles en un clic depuis son smartphone/PC/tablette pour quelques euros par mois, c’est la promesse des plateformes telles que Apple Music, Deezer, Spotify…

Depuis quelques temps, d’autres plateformes comme Qobuz et Tidal ont fait leur apparition avec un argument qui a de quoi aiguiser l’appétit des amateurs de haute-fidélité : un streaming qualité CD et qualité haute résolution pour certains. En effet, ces dernières proposent le streaming audio de fichiers « lossless », entendez par là « sans perte » en français. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les plateformes Apple, Deezer et Amazon proposent une offre en haute résolution.

Une multitude de formats audio s’offrent aujourd’hui à nous, à tel point qu’il est facile de s’y perdre très rapidement.

La première catégorie, les fichiers mp3, sont des fichiers très com- pressés de façon à obtenir une taille de fichier minimale. Cette com- pression s’opère par la suppression d’un certain nombre de fréquences qui a pour effet immédiat de réduire considérablement la taille du fi- chier, au détriment de la qualité sonore. Cette solution très intéressante du temps où le stockage était onéreux permettait de stocker beaucoup de fichiers sur un faible espace de stockage.

Le stockage se compte aujourd’hui en téraoctet (To), de quoi accumuler des fichiers de gros volume et donc de très haute qualité audio.

Le format CD est un format dont la norme a été définie par Philipps et Sony en 1980. Ce format est le standard des plateformes de streaming proposant de la qualité CD à l’instar de Qobuz ou Tidal, il s’agit du fameux 44,1 kHz/16 bits (nous vous invitons à creuser le sujet au travers du théorème de Nyquist-Shannon afin de bien comprendre le sujet de l’échantillonnage).

Une troisième catégorie de fichiers a fait son apparition récemment. Dits de « haute résolution », ou « Hi-Res », ces fichiers garantissent une qualité théorique plus importante de par une fréquence d’échantillonnage plus élevée (jusqu’à 192 kHz) et une résolution plus profonde (24 bits contre 16 bits pour le CD).

Enfin, le DSD (Direct Stream Digital) est le format de fichier qui offre la meilleure performance sonore sur le papier. Il s’agit ici d’une fréquence d’échantillonnage extrêmement élevée (jusqu’à 512 fois celle d’un CD), codée sur un seul bit. Ce format, que l’on retrouve également sur les SACD, présente une qualité de restitution à la hauteur d’un fichier masterisé tout droit sorti du studio d’enregistrement.

Beaucoup de convertisseurs récents du marché utilisent une puce de conversion capable de traiter les fichiers DSD. Cela dit, cette capacité de conversion fait aujourd’hui plus figure d’argument marketing et ne constitue pas un réel avantage au quotidien puisque ce type de fichiers est très peu répandu.

Bien que la qualité du fichier source soit un facteur majeur dans la restitution sonore, la cohérence des éléments de la chaine reste la prio- rité. Les fichiers utilisés doivent être en cohérence avec les capacités du système. De ce fait, la subtilité musicale qu’apportent les fichiers Hi-Res et DSD nécessitent une chaîne capable de retranscrire ce degré de nuances.

Cette relation peut se transposer au travers d’un exemple concret : une photo numérique de très haute qualité imprimée sur une imprimante de qualité moyenne ne peut pas avoir le rendu escompté.

Le format de compression d’un fichier audio constitue un élément très important dans la retranscription musicale mais attention : cela ne fait pas tout. Quelle que soit la compression appliquée au fichier, pour qu’un morceau s’exprime de façon satisfaisante à l’écoute, le facteur décisif reste l’enregistrement original.

Un morceau enregistré dans de mauvaises conditions, même transposé en fichier haute résolution, ne sonnera pas mieux pour autant. A l’inverse, un fabuleux enregistrement, pourra sonner correctement depuis un fichier mp3 et prendra une toute autre dimension en qualité CD puis en haute résolution.

Les différents formats de fichiers audio numériques se caractérisent par des performances techniques bien distinctes. Plus un fichier est compressé, à l’instar du mp3 qui tient sur quelques méga-octets, plus la quantité d’informations stockées sur ce même fichier est limitée. À l’inverse, les fichiers très peu compressés jouissent d’une richesse d’informations bénéfique à une écoute de haute-fidélité, sur un système adéquat.

La qualité globale d’un fichier ne se réduit cependant pas au type de compression appliquée à l’enregistrement. Les performances tech- niques d’un support musical ne se traduisent pas automatiquement par une meilleure écoute. L’enregistrement conditionne une grande partie du résultat sonore.

Gardez l’oreille tendue, elle seule peut juger la performance d’une écoute.

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